Ouvrir la fenêtre
"Je m’approche de la fenêtre. Je m’apprête à l’ouvrir. Ça fait une éternité que je ne l’ai pas fait. Une éternité que la maison est isolée. Protégée, chauffée, barricadée. Dehors, c’est l’ennemi. Le froid, la neige, le verglas, l’intempérie. Dedans, c’est l’abri, la planque, le bunker.
Mais aujourd’hui, l’ennemi est parti. Ils l’ont dit à la radio. Il va faire beau. Il va faire presque chaud. Disons, moins frette. Alors, j’ouvre. Ma première bouffée d’air frais de l’année ! Quelle joie ! Je respire pour la première fois, depuis des mois. Ça sent le gazon, le gaz et le barbecue. Ça sent la ville. La maison n’est plus une cage. La maison est devenue un nid.
Il n’y a pas que l’odeur du printemps qui entre chez moi. Il y a aussi ses sons. Un mélange de chant d’oiseaux et de moteurs d’auto. La maison n’est plus sourde. La maison entend. Il n’y a pas encore les cris des enfants et les éclaboussures de piscine. C’est trop tôt. Il n’y a que la rumeur que l’été s’en vient.
Quand on y pense, chaque fois qu’on ouvre une fenêtre, pas seulement la première après un long hiver, mais toutes celles qu’on ouvre, au fil des belles saisons, y’a toujours un sourire en nous. Ça fait un effet. Ça fait du bien. Comme si on faisait entrer le monde là où l’on est.
Ouvrir la fenêtre, c’est un geste de liberté. " ...
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